Débuter la planche

 Les ensembles

Après avoir tracé les cases je me sers d'un critérium à pointe rouge cette fois, pour placer les grands ensembles. Il s'agit en fait de reprendre de manière plus épurée les lignes de l'ébauche. Cette dernière n'étant pas toujours précise, notamment à cause de l'incertitude dans le tracé des cases, retracer en quelques traits les grands blocs m'aide à mieux appréhender le détail ensuite. Je place un maximum de traits percutants dans les points focalisants, je me lâche sur les diagonales...

Avant que l'on ne commence, je vous invite à lire ce tutoriel important pour la suite: La composition d'une image: lignes de force et points focalisants.

Je ne dispose pas de suffisamment de photos sur cette étape pour faire une partie vraiment détaillée, puisque j'ai relativement atrophié cette partie lors de la conception de la planche. Je vais donc reconstruire simplement ma manière de faire avec une case assez peu technique mais malgré tout représentative: la case 3.

Il s'agit si vous vous souvenez de la case où Gabriel montre le bar derrière lui, vers son « futur » (vers la gauche). Le plan pose quelques difficultés. Sur l'ébauche j'ai en effet représenté le duo de profil.

 (Cliquez pour agrandir)

Le problème est que ce plan m'amène à ne pas représenter le bar. Il serait seulement suggéré par le pouce tendu de Gabriel (flèche rouge). Dans l'idéal, je voudrais avoir dans le champ de la « caméra » Sophie, Gabriel ET le bar. C'est possible en effectuant un décalage de quelque degrés vers la droite. Voici ce que donnerait la modification vue du dessus (les échelles entre les différents éléments et les distances ne sont pas respectées, ce n'est qu'un schéma de principe):

En prolongeant fictivement l'angle de vue de la caméra, on a bien les trois éléments, auxquels il faudra sans doute ajouter l'arbre (mais cela demandera une réflexion supplémentaire ainsi qu'un schéma plus précis que je ne vais pas présenter ici). Cependant, l'image (fictive elle aussi) que j'obtiens avec le nouveau plan n'est pas satisfaisante. Elle est trop plate, figée. Et pour « empiler » Gabriel et Sophie dans une case si basse, il va me falloir les dessiner tous petits, ça ne va pas être pratique. Un autre point n'est pas à négliger : les histoires de passé et futur. Si Gabriel montre le bar exactement derrière lui, le pouce va pointer une direction qui sera face à nous, et non plus vers la gauche, comme prévu.

Une astuce me permet de régler les deux problèmes en un seul. J'imprime un mouvement de rotation à la « caméra ». Plutôt que de filmer la scène de manière verticale, elle va être penchée d'environ 30° à vu de nez, vers la gauche. Cela me permet d'agrandir les personnages, de varier encore le plan, et de mieux ménager l'espace.

En effet, à présent, je vais pouvoir jouer avec les points focalisants, les lignes de la case (l'image présentée plus bas montre la case dans un état un peu plus avancé). Je place la tête de Gabriel (personnage important) à l'intersection de deux grandes lignes : des lignes de tiers. Il vaut mieux en effet privilégier les tiers aux moitiés, et les points focalisants se placent dans ces lieux stratégiques, lignes de tiers, diagonales, etc... Ce que je m'emploie à faire ici comme vous pouvez le constater. Bien sûr, ce n'est pas une science exacte, mais quand on peut s'y tenir, c'est bien aussi.

Ce travail est à effectuer sur toutes les cases, il est important d'y passer avant de se lancer dans le crayonné, car c'est à ce moment également qu'on songe aux endroits où l'on va placer les lignes d'horizon, les points de fuites, et autres broutilles. Avec l'habitude, des automatismes se créent, des cas de figure récurrents apparaissent, et j'y songe de plus en plus tôt, le plus souvent au moment de l'ébauche, ce qui explique que cette partie ne soit pas extrêmement détaillée.

En conclusion de cette deuxième partie, il apparaît donc que les proportions sont, de la planche à la case, d'une importance capitale pour une bonne lisibilité de l'ensemble, et surtout, pour l'équilibre général de la planche, lequel s’appuie pour beaucoup sur les lignes de tiers (les tabourets ont trois pieds!). Ces étapes peuvent se fondre les une dans les autres, mais il est certain qu'il ne faut jamais passer à coté de la réflexion, au risque de voir apparaître de gros défauts dans les planches, à un moment où il sera trop tard pour faire demi-tour. Dans une autre mesure, gardez en mémoire que les cohérences entre deux planches différentes sont à conserver, pour les planches placées côte à côte.

Bon entraînement! A bientôt pour la suite de la création d'une planche pas à pas!

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